– « Oui oui je t’écoute » …
– « Et j’ai dit quoi ? …
Cette phrase, on l’a tous et toutes entendue. Est-ce qu’il m’écoute vraiment? Et de l’autre côté du miroir, est-ce que je suis vraiment disponible pour l’autre? Comment et jusqu’où je peux donner mon attention à l’autre? On se mobilise tout entier pour écouter vrai, écouter activement l’autre cette semaine.
Pas de jugement toujours, simplement une introspection, un regard sur soi. Il nous est tous et toutes arrivé d’être plus ou moins attentif(ve) au discours de la personne qui se tient face à nous. Et il nous est aussi sûrement arrivé de nous demander « Mais est-ce qu’il (elle) m’écoute vraiment ? Je ne suis pas en train de parler dans le vide, là ? »
Commençons par la seconde. Lorsque vous vous posez cette question, à savoir est-ce que untel m’écoute, pourquoi cette situation se produit à ce moment précis ? Un changement dans l’attitude de l’autre, ou bien quelque chose d’important à dire ? Quoi qu’il en soit, l’essentiel est ailleurs, vous voulez que votre parole soit entendue, et donc vous estimez que c’est important. Vous avez donc jugé, avant d’avoir continué votre échange qu’il fallait repositionner votre voix, être entendu(e).
Votre intelocuteur(trice) n’en est pas encore là, ne peut pas deviner que ce qui suit doit mobiliser entièrement son attention. Il vous revient donc, pour être sûr d’être entendu(e), de poser l’importance de votre propos. « Concernant ça, ce que je vais te dire est important, il faut que tu le retiennes bien, il ne faut pas que tu oublies… » ou bien encore » est-ce qu’on peut prendre 5 minutes sans les enfants, les téléphones, parce qu’il faut que je te parle de …» Ce ne sont que des pistes mais l’idée est simple : plutôt qu’attendre de votre interlocuteur qu’il comprenne de lui-même que ce que vous dites est important, plantez le décor, vous n’en verrez que des résultats positifs. Et s’il se braque, peut-être l’avez-vous simplement mis face au fait qu’il n’était pas complétement disponible.
Bien sûr, certain(e)s, ne voudront pas aller si loin, « s’écouter c’est le minimum du respect lorsqu’on se parle, on ne fait pas 36000 choses en même temps, c’est logique non ? ». Et bien non, ce n’est pas forcément logique pour tout le monde, et certain(e)s peuvent estimer et parfois à juste titre qu’ils ont capté l’ensemble de l’information, qu’ils ont fait deux choses à la fois et que cela n’a en rien altéré votre échange puisqu’ils ont retenu votre propos. C’est le fameux « Qu’est-ce que je viens de dire ? » auquel l’autre répond à la perfection.
Alors plutôt que de jouer à être la personne qui gagne ce bras de fer, qui donne tort à l’autre, ma proposition consiste déjà à poser ce que vous ressentez. En communication non violente, cela revient à dire ce que vous ressentez plutôt que de dire ce que l’autre a mal fait. Cela ressemble à « Je ne me sens pas écouté(e) », plutôt que « tu ne fais aucun effort quand je te parle ».
Et pour ceux et celles, et nous en faisons tous et toutes partie de temps à autre, qui sont à moitié disponibles à l’écoute, c’est à chacun(e) de juger de son niveau d’écoute, mais aussi de disponibilité. Lorsque vous êtes capable de redire exactement ce qu’a exprimé votre ami(e), parent, chef(fe), êtes-vous pour autant disponible à y répondre, à avoir saisi l’intonation, les éléments de communication non verbaux et paraverbaux (posture, regard, intention, …) Car finalement ce qui est dit ne représente guère plus de 20% de la somme d’information que vous donne quelqu’un lorsqu’il vous parle. Alors effectivement le temps est compté, l’information est au milieu de nombreuses autres, le discours est trop long, nous naviguons aussi avec nos propres pensées… mais pour pouvoir aussi participer, enrichir l’échange, votre disponibilité sera un puissant allié.
Et si nous ne voulons pas passer à côté d’informations importantes, il peut être pratique de regarder, ressentir et écouter. Nous savons le percevoir chez l’autre lorsqu’il n’est pas disponible entièrement, donc ne doutons pas du fait que c’est à double sens. Même si c’est pour parler du beau temps, ne doutez pas que les gens apprécieront de vous sentir présent entièrement 5 minutes avec eux, plus encore qu’1h en demi-teinte.
Et vous, qui allez-vous écouter avec une complète attention cette semaine ?
