Au-delà de la situation actuelle, il est des situations où on se trouve restreint(e) dans ses mouvements, dans ses décisions, dans ses champs d’action. Maladies, arrêts de travail, situations de couple ou de famille complexes, lorsque nous retrouvons enfin la liberté pleine et entière après ces épisodes, nous retrouvons aussi le plaisir des choses simples, nous réinvestissons des domaines qui sont au cœur de notre épanouissement et que nous avions presque oubliés. Et surtout dans ce genre de situation il peut nous arriver de vouloir rattraper le temps perdu, de récupérer les minutes, heures, semaines perdues et contrairement à l’adage, « user et abuser » de ce qui a manqué. Ce « J’ai pas pu avant alors maintenant je me lâche », on en parle cette semaine.
Tout d’abord je m’excuse auprès de tous ceux et toutes celles à qui la musique du film vient d’arriver en tête. Mais il suffit de se remémorer les images du film pour se rappeler du visage épanoui, libéré, détendu et souriant de l’héroïne. Car en effet, lorsque nous nous trouvons au cœur d’une situation contraignante, restreignante, la libération crée souvent ce sentiment de sérénité, de plaisir.
Parfois il peut se joindre à ce sentiment la peur de la nouveauté, de l’inconnu, la nostalgie de quelque chose de perdu et de terminé. Mais lorsque notre cerveau se retrouve plein d’énergie, ainsi que notre corps, comme délesté de ce poids qui pesait sur nous, une vitalité nouvelle arrive alors.
L’impression d’avoir avancé dernièrement avec un poids laisse alors place à la légèreté , parfois simplement au bonheur de s’être écouté, d’avoir réussi à franchir le cap. « L’absence crée le manque » disent certains, la citation vaut ce qu’elle vaut et chacun(e) s’en fera son avis. Mais il arrive que dans ce genre de situation, redécouvrir quelque chose de perdu le rende plus fort, plus intense, plus vrai et que nous sachions d’autant mieux comment nous en saisir, comment le vivre pleinement.
Et c’est là tout le bonheur que de savoir profiter, se rendre compte de toutes ces petites choses qui étaient presque acquises, et dont nous avions oubliées presque jusqu’à l’existence. Qui ne s’est pas retrouvé dans un plâtre ou avec une plaie empêchant ici de prendre sa douche tranquillement, là de s’habiller, ici de faire la cuisine comme prévu, là simplement de faire ce qu’il(elle) avait prévu sans restriction. Et bien à la douleur, tristesse, frustration de l’impossible, vient ensuite le bonheur du possible, celui que nous revoyons très vite comme acquis. Mais durant ce temps, et malgré l’apparente futilité, quotidienneté de certaines actions, quel bonheur de faire, faire exactement comme on l’entend, d’essayer, d’être acteur(trice) et en conscience de toutes ces petites choses.
Dans certains cas, la restriction est si forte que le mouvement qui s’opère à la libération l’est lui aussi. Des mois de restrictions, de rationnement non souhaité, non voulus, peuvent entraîner une surconsommation, un abus de la liberté retrouvée. Chacun(e) pense certainement au confinement, à la liberté retrouvée après le premier confinement, et aux « abus de retrouvailles, de soirée, de déplacements, d’achats » que chacun condamne plus ou moins. Et libre à chacun(e) d’avoir son avis sur la question, il n’y a jamais qu’une seule vérité. Mais pour mieux comprendre, apprivoiser et appréhender nos rapports à ce lâcher-prise extrême, il est essentiel de savoir avant tout ce que nous gardons contraint, retenu.
En effet dans certaines situations, nous faisons le choix de favoriser l’épanouissement de tel ou tel élément de notre vie, et de garder en veille, en sourdine certains autres. Lorsque le choix est délibéré, temporaire, il est facile de le supporter, de le gérer. Mais lorsque la situation perdure, ou que nous avons subi le choix, savoir ce qui est « emprisonné » peut aider à trouver les moyens de le laisser s’exprimer, de se libérer de temps à autre, ou bien de lui donner toute latitude d’expression lors de la délivrance. Et en être conscient(e) peut permettre à défaut de tout maîtriser ( car c’est souvent impossible), de comprendre, d’être en conscience et en connaissance de se qui se passe. Passer ces moments-là par le filtre du corps, trouver à quel endroit la frustration se trouve, où agit la libération peut être une première piste pour se regarder et ouvrir certaines cages.
Et vous, quelle partie de vous allez-vous libérer cette semaine pour la laisser s’exprimer ?