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NOS RACINES

Un arbre ne peut pas pousser loin de ses racines. On entend souvent qu’on doit savoir d’où on vient pour trouver où aller. Cet adage me semble avoir du sens dans la mesure où nos racines sont un peu comme la première rangée du château de cartes de notre vie, et lorsque celle-ci est bancale, elle peut mettre en péril la suite. Mais parfois nos racines sont douloureuses, inconnues, destructrices. Alors comment faire pour s’en saisir sans en souffrir, voici quelques idées.

Penser à notre enfance, regarder l’arbre généalogique, se repérer dans celui-ci, parler de soi au sein de son histoire familiale … pour une partie d’entre nous, tout ceci est facile. Et lorsque participer à la vie de la sphère famille est simple, cela peut faciliter grandement d’évoluer près de nos racines. Chaque parcours est différent bien sûr, chaque parent, chaque fratrie, chaque famille. Tous et toutes, nous avons notre lot d’obstacles, de difficultés, d’apprentissages, de souffrances. Fort heureusement chacun et chacune, on se construit aussi avec son lot particulier de bonheurs, de partages, de découvertes, de confiance et de soutien.

Il appartient à chacun de trouver en grandissant, en devenant adulte, comment s’émanciper de cette cellule. Parfois très tôt, avec le besoin de pouvoir compter sur soi et de ne plus avoir à subir les mouvances d’un système familial qui ne nous correspond plus. Parfois de manière assez naturelle au moment de créer sa propre famille. Parfois encore ni parents ni enfants n’ont le choix , que ce soit lié à des drames familiaux, à des contraintes professionnelles ou de formation. Et je ne parle encore que de quelques cas, loin de certaines réalités bien difficiles, où la vie n’est plus au centre des préoccupations et où le choix de s’appuyer sur ses racines s’efface alors au profit de la survie.

Quoi qu’il en soit, et quels que soient les obstacles, nous ne pouvons faire abstraction de nos racines. Tout comme de nombreux sujets épineux, il est toujours possible de les ranger dans un tiroir de notre cerveau, fermé à double tour, et enfoui sous les décombres. Mais comme un élastique qu’on tend encore et encore, plus le temps passe et plus le retour peut être douloureux et violent.

Alors comment faire? Et quoi faire de ce matériau que sont nos racines, notre histoire personnelle au cœur d’une histoire familiale? Le sortir de soi pour commencer, pour ne pas porter seul le fardeau d’un groupe de personnes. Etre un maillon de l’histoire ne fait pas de nous le responsable de la totalité. Et cela ne nous oblige pas non plus à continuer de porter ce que les autres générations portaient sur leurs épaules. Le sortir de soi, c’est le mettre en mots, mais c’est aussi le déposer sur le papier, le rendre concret hors de nous pour pouvoir s’en détacher progressivement. Prendre du recul, regarder le tableau d’ensemble, pour aussi y trouver sa place, comprendre parfois où nous sommes, par logique et aussi par défaut.

Ne pas savoir d’où l’on vient, ne pas avoir de nouvelles de ses parents, avoir subi des traumatismes dans son enfance, savoir qu’il y a des non dits, ce ne sont que quelques exemples mais ils doivent parler à beaucoup. Une fois ces éléments-là posés, comme des faits qui sont au cœur de notre histoire, de nos racines, on peut à défaut de les avoir réglés, composer avec.

Car pour reprendre la métaphore du château de carte, lorsque vous le construisez sur une zone venteuse, vous connaissez le risque, les difficultés, et pouvez vous y préparer, consolider. Mais lorsque quelqu’un construit son château en préférant faire abstraction de tous les éléments, comment faire alors pour ne pas subir de plein fouet les facteurs environnants ? Parfois il est plus facile de faire abstraction car notre énergie est déjà occupée ailleurs, ne serait-ce qu’à notre construction, tout au long de la vie. Peut-être pouvons-nous nous donner la possibilité parfois, lorsque la situation le permet, de venir rajouter une carte ou deux au niveau du socle, ou simplement de venir y regarder de nouveau, pour comprendre, se rappeler dans quel bois nous avons été taillés. Pour autant, cela ne détermine pas  entièrement notre essence profonde. Nous sommes l’arbre, nos racines ne sont pas tout. Mais lorsque nous y regardons, nous pouvons voir plus facilement face à quelle tempête il faudra courber le dos ou au contraire lutter.

Et vous, quelle personne, quel lieu ou quel élément représente vos racines ?

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