Lorsqu’est évoquée l’amitié, une phrase me vient tout de suite en tête : « un(e) ami(e) c’est quelqu’un qui vous connaît bien et qui vous aime quand même. » Un(e) ami(e), serait-ce donc quelqu’un qui finalement a accepté entièrement la personne que vous êtes ? Une définition pourrait être une personne qui vous connaît, qui a partagé des moments forts et/ou difficiles avec vous, tout en vivant le quotidien, les petits riens qui font que si vous lui demandez qui vous êtes, il (elle) vous répondra peut-être avec plus de justesse que vous-même.
Chacun(e) a bien entendu sa définition de ce qu’il entend par « ami(e) ». Une personne qui a les mêmes valeurs, les mêmes centres d’intérêt, quelqu’un sur qui on peut compter même tard dans la nuit, ou en cas d’urgence. En tout cas, ce qui est sûr c’est que si je vous demande de nommer un(e) ou plusieurs ami(e), vous saurez trouver des noms avec certitude.
Puis viennent les personnes qui rentrent dans la case mais en sortent par d’autres aspects. De nombreuses années à évoluer ensemble dans les mêmes sphères, des personnes avec qui l’accroche a été forte très rapidement, des gens du quotidien, avec une place différente de vos « connaissances ». Ami(e)s ou pas ami(e)s ? C’est plus complexe que ça.
Car effectivement il est des situations où on reste ami(e) par « habitude », par « défaut », par peur de blesser ou de changer une dynamique au sein d’un groupe. Mais que faire avec cela? Sommes-nous vraiment tous dans ce cas-là ? Pas forcément et bien heureusement. Parfois, vieillir, grandir, évoluer aux côtés de quelqu’un nous construit, nous structure, nous accompagne. Cela nous permet de garder des repères stables auprès de personnes qui nous apportent du positif et auprès de qui nous en apportons aussi.
Dans d’autres cas, les chemins se séparent, s’éloignent, et on ne se retrouve plus dans l’autre, dans ce qui a pu faire la force du lien. Parfois simplement c’est notre place, notre statut, ce qui est attendu de nous qui ne va plus. Tout comme le papillon a besoin de sortir de la chrysalide trop étroite pour évoluer et voler, nous évoluons tous et le « rôle » que nous avons pu occuper un temps se révèle trop étroit, et ne correspond plus à nos aspirations.
Il convient donc suivant les besoins de chacun, de pouvoir réajuster, clarifier, exprimer l’évolution intérieure qui peut être source du malaise, de l’éloignement, si nous souhaitons voir ce lien évoluer lui aussi.
Oui un(e) ami(e) est quelqu’un qui a une place à part, à qui il est possible de dire qu’on l’aime parce qu’il (elle) nous a apporté ou nous apporte beaucoup, et que sa présence nous est chère, même lorsqu’elle est ponctuelle ou brève. D’ailleurs est-ce si simple de le dire ce « je t’aime » amical ? Nous permettons-nous de le faire autant que chacun(e) le souhaite, comme pour reconnaître et signifier à l’autre la place qu’il (elle) occupe à nos yeux ?
Cette place à part mérite sûrement en effet de s’attarder, de prendre le temps et de ne pas laisser mourir une amitié par manque d’énergie, de mobilisation individuelle. Mais lorsque malgré tout cela, il semble que vous ne vous y retrouviez pas dans cette relation, alors peut-être est-il important pour vous de savoir dans quel costume vous êtes aujourd’hui. Peut-être est-il important de regarder si ce costume doit évoluer pour souffler sur les braises d’une amitié endormie, ou si simplement le costume ne convient plus.
Nous acceptons l’idée qu’individuellement nous évoluons au fil de la vie, ce qui veut dire que nos ami(e)s, nos proches évoluent aussi, et que parfois les chemins se rapprochent autant qu’ils peuvent s’éloigner. Et finalement, c’est dans l’ordre logique des choses. Il reste à chacun de choisir où il souhaite dépenser son énergie pour lui (elle) et ce quelqu’un qui compte.
Et vous, à quel(le) ami(e) oseriez-vous dire « je t’aime » cette semaine ?